Non pas celle qui plane au-dessus de nos têtes depuis plusieurs mois, non, une crise bien plus grave, qui vous pourrit la vie au quotidien, jour et nuit, ne vous laisse pas de répit avant de vous avoir rincé, vidé de votre substance même.
Maman Lapin parle de la crise des Trois ans.
Celle de Philippe Lapin.
Doublement serrée sans doute, puisque doublée d'un doublon de bébés. Maman Lapin parle de la crise de "jalousie", passage obligé d'après les pédopsys, pour tout frère ou soeur aîné quand débarque l'intrus à la maison. Et dans son cas il y en a deux.
Alors pas de raison. Dobeule crise.
Ca commence dès le matin. 5H.
Un petit lapin reniflant et pleurnichant pointe son nez sur le palier. Une maman Lapin hirsute et titubante se lève et le remet dans son lit. Pleurs, grincements de dents, "tais-toi tu vas réveiller tout le monde". Le manège se répète toutes les 15 minutes jusqu'à 7H. Puis il est l'heure de se lever. Alors on se lève.
Petit Déjeuner. Comme à tous les repas d'ailleurs, Philippe Lapin rechigne à tout ce qu'on lui propose. Justement parce qu'on le lui a proposé. Humeur de crin, soupe à la grimace.
Action ? REACTION.
Maman Lapin l'ignore totalement. Et ça marche.
Avant, elle s'accroupissait gentiment et lui proposait... une compote?... NAN ! une banane ? NAN ! un yaourt ?.... NAAAAN PAF !
Ca ? C'était une baffe. Donnée par Philippe à sa maman. Si.
Désormais, quand il arrive dans la cuisine, chacun a pour consigne de NE PAS PARLER A PHILIPPE. Maman Lapin pose son biberon en silence devant lui. Il retire son pouce de sa bouche pour y fourrer sa tétine et tout se passe bien.
Plus question de lui demander s'il veut de la confiture ou du miel sous peine de déclencher un cyclone de gémissements. Il a les tartines qu'il a, point barre. Il n'en veut pas ? Il ne mange pas. Tant pis. Il crie ? Il sort.
Heureusement, il raffole de l'école. Il y va avec plaisir. Maman Lapin l'y emmène avec joie !
Et depuis peu elle le laisse même l'après midi, puisque le sketche du "je veux pas dormir" se reproduisait aussi pendant la sieste. Et je descends l'escalier quinze fois avec mon air de chien battu, et je veux pas fermer la porte, et je veux dormir la lumière allumée, et je vais voir dans la chambre des jumeaux s'ils sont réveillés (oui là maintenant ils sont réveillés...)
La patience de Maman Lapin est donc mise à rude épreuve ces derniers temps. Et même si elle ne se laisse pas dépasser, certains jours sont plus faciles à gérer que d'autres.
Elle sait bien que son petit lapin jadis si tendre et si doux ne peut pas avoir radicalement et profondément changé de caractère en quelques semaines et que c'est un processus normal de réadaptation à son nouvel environnement.
On le sait que se faire arracher une dent ça fait mal.
Ca n'empêche pas qu'on ait mal quand on nous l'arrache.